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Divorce et compte joint : comment protéger vos finances des abus de votre conjoint ?

Le 05 décembre 2024
Divorce et compte joint : comment protéger vos finances des abus de votre conjoint ?
Lors d’un divorce, la gestion du compte joint peut devenir conflictuelle. Retraits abusifs, absence de versements ou fermetures injustifiées : agissez vite pour protéger vos droits. Découvrez vos recours juridiques, les obligations de la banque.

Lorsque la séparation devient inévitable, la confiance s’étiole et les finances partagées deviennent souvent une source de tension. Le compte joint, autrefois conçu comme un outil pratique et harmonieux, se transforme parfois en un véritable casse-tête. Un conjoint peut vider les fonds, cesser d’alimenter le compte ou même tenter de le fermer unilatéralement. Et lorsque la banque elle-même faillit à ses devoirs, la situation se complique davantage.

Dans ces moments difficiles, il est essentiel de comprendre vos droits et les recours qui s’offrent à vous. Pour vous guider, nous envisagerons des solutions juridiques ou pratiques, pour vous aider à agir efficacement afin de protéger vos intérêts.

1. Le compte joint : entre liberté et responsabilité

A. Comprendre le fonctionnement juridique du compte joint

Le compte joint est une option souvent choisie pour simplifier la gestion des finances communes. La gestion du compte joint repose sur des principes de liberté et de responsabilité partagées. Selon l’article L. 312-1-1 du Code monétaire et financier, chaque cotitulaire bénéficie de droits égaux sur les fonds. Cela signifie en substance que :

Chacun peut retirer ou transférer de l’argent librement, tant que le compte reste actif.
La responsabilité est solidaire : en cas de découvert, chaque cotitulaire peut être tenu de rembourser la totalité de la dette.
, la fermeture du compte nécessite l’accord des deux parties, sauf si une clause contractuelle du contrat relatif au compte joint prévoit une fermeture unilatérale sous conditions.
Ces règles, bien que simples en apparence, peuvent devenir problématiques lorsque la relation se dégrade. Ce qui était une liberté devient alors un levier de conflit.

Exemple concret : Camille découvre que son mari, sans la prévenir, a retiré l’intégralité des fonds de leur compte joint pour régler une dette personnelle. Bien que légal (si la convention bancaire de compte joint le permet), ce geste met Camille en grande difficulté pour payer les charges courantes.

B. Les abus fréquents relatifs à la gestion du compte joint lors les relations conflictuelles entre conjoints

Lors d’une séparation ou quand des tensions surviennent dans un couple, les problèmes liés au compte joint sont nombreux.

Parmi les plus fréquents on trouve :

Les retraits abusifs : Un conjoint peut vider le compte pour se constituer une réserve personnelle, sans tenir compte des besoins de l’autre.
La cessation d’alimentation : L’un des époux cesse de verser son salaire sur le compte, tout en continuant à profiter des dépenses réglées via celui-ci.
La fermeture unilatérale : Certaines banques permettent à un cotitulaire de fermer seul le compte. Cette pratique, bien que parfois contractuellement légale, peut causer un réel préjudice à l’autre.
Ces abus, souvent inattendus, amplifient les tensions et laissent le conjoint lésé dans une grande insécurité. Cependant, des solutions existent pour réagir efficacement.

2. Que faire si votre conjoint vide le compte joint ou cesse de l’alimenter ?

Lorsqu’une telle situation survient, il est essentiel d’agir rapidement pour protéger vos droits et limiter les conséquences financières. Ne laissez pas le problème s’aggraver, car plus vous réagissez tôt, plus vos chances de solutionner la difficulté inhérente au fonctionnement du compte joint, et à l’abus que vous subissez, sont élevées.

A. Les premières mesures à adopter immédiatement

Afin de faire face à une situation d’urgence, il est important de suivre ces étapes :

Surveiller les relevés bancaires : Vérifiez régulièrement les mouvements sur le compte pour identifier les opérations litigieuses. La banque a l’obligation de vous fournir ces relevés, même si vous n’êtes pas à l’origine des retraits.

Conservez des preuves : Imprimez ou téléchargez tous les documents nécessaires, comme les relevés bancaires ou les échanges avec la banque. Ces preuves seront indispensables en cas de litige.
Pré constituez-vous des preuves en vous étonnant par mail ou par courrier desdits mouvements auprès de votre conjoint indélicat.

Demandez la transformation du compte joint en compte indivis: Cette démarche, effectuée auprès de la banque, impose une double signature pour toute opération future. Cela peut avoir l’avantage de protéger les fonds restants.

Ces premières actions vous permettront de sécuriser la situation et de préparer une éventuelle procédure.

B. Introduire une demande de contribution aux charges du mariage

1. En cas d'urgence  : agir en référé

L’article 214 du Code civil stipule que chaque époux doit contribuer aux charges proportionnellement à ses moyens. Si votre conjoint cesse de participer, vous pouvez saisir le juge en référé. Cette procédure rapide permet d’obtenir une décision immédiate pour couvrir vos besoins essentiels.

Conditions nécessaires : Vous devez démontrer que vous êtes en situation d’urgence ou de précarité financière, par exemple en prouvant votre incapacité à payer le loyer ou les factures.


Exemple concret : Julie, mère de deux enfants, se retrouve sans ressources après que son mari a cessé d’alimenter le compte commun. En référé, le juge lui accorde une contribution de 2 000 € par mois pour subvenir aux besoins du ménage.


2. Pendant le divorce : les mesures provisoires

Une fois la procédure de divorce engagée, le juge aux affaires familiales (JAF) peut fixer des mesures provisoires, conformément à l’article 255 du Code civil.

Ces mesures incluent :

Une pension alimentaire temporaire pour couvrir vos besoins et ceux des enfants.
La restitution des sommes retirées abusivement.
Le gel des fonds sur le compte pour éviter de nouveaux abus.


Ces décisions, bien que temporaires, permettent de rétablir un équilibre en attendant le jugement définitif. 

3. Fermeture abusive du compte joint: vos droits et recours

A. Comprendre la fermeture unilatérale du compte joint

Certaines banques autorisent la fermeture d’un compte joint par un seul cotitulaire, mais uniquement si le solde est nul ou positif et si cela est prévu contractuellement. Cette disposition, bien qu’elle puisse sembler légitime, cause souvent un grand préjudice au conjoint lésé, notamment si elle est effectuée sans préavis.

Cette possibilité dépend des conditions spécifiques établies par chaque banque et des clauses contractuelles signées lors de l’ouverture du compte joint.

Fermeture unilatérale d’un compte joint :

Conditions contractuelles spécifiques : Certaines banques prévoient, dans leurs conventions de compte, la possibilité pour un seul cotitulaire de fermer le compte joint sans l’accord explicite de l’autre, à condition que le solde soit nul ou positif. Cette clause vise à éviter que le compte ne reste ouvert avec des fonds ou des dettes en suspens.

Solde nul ou positif : Un solde nul signifie que le compte est à zéro, sans fonds ni dette. Un solde positif indique que le compte contient des fonds. Dans ces situations, la banque peut autoriser la fermeture unilatérale pour simplifier la gestion et éviter des complications financières.

Responsabilité solidaire des cotitulaires :

Il est important de noter que, même en cas de fermeture unilatérale, les cotitulaires restent solidairement responsables des dettes contractées avant la clôture du compte. Cela signifie que si le compte présentait un découvert ou des paiements en attente, chaque cotitulaire peut être tenu de rembourser l’intégralité de la dette, indépendamment de qui a effectué les transactions.

Recommandations :

*Il est grandement conseille de vérifier les conditions générales de votre banque liées à votre convention de compte joint: Les modalités de fermeture d’un compte joint varient selon les établissements. Il est donc essentiel de consulter les documents contractuels ou de contacter votre conseiller bancaire pour comprendre vos droits et obligations spécifiques. Et au besoin vous opposer à cette fermeture.


*Communication entre cotitulaires : Même si la fermeture unilatérale est possible, il est fortement recommandé de vous en étonner auprès de votre conjoint pour mettre en exergue les difficultés que cela risque d’engendrer à votre endroit.


En résumé, la possibilité pour un seul cotitulaire de fermer un compte joint dépend des clauses spécifiques de la banque et est généralement conditionnée à un solde nul ou positif. Il est donc essentiel de bien comprendre les termes de votre contrat bancaire et de maintenir une communication transparente entre cotitulaires pour gérer efficacement la fermeture du compte. 

B. Contester une fermeture abusive du compte joint

Si la fermeture du compte a été effectuée de façon unilatérale sans respecter vos droits, vous pouvez agir en effectuant notamment les démarches suivantes:

Obtenez une copie du contrat bancaire : Demandez par écrit (lettre recommandée avec accusé de réception) les conditions générales du compte. La banque est tenue de vous les fournir.
Informez la banque de votre désaccord : Signifiez votre opposition par courrier et demandez des explications sur la légalité de la fermeture.
Engagez une procédure judiciaire : Si vous avez subi un préjudice financier que vous pouvez valablement démontrer, vous pouvez demander réparation devant le tribunal compétent.
 

4. La responsabilité de la banque : quelles obligations et quels recours ?

A. Les devoirs légaux de la banque

La banque joue un rôle central dans la gestion des comptes joints, notamment en période de séparation. En effet, la banque a des devoirs de vigilance et d’information, à l’égard de sa clientèle.

Ses obligations incluent notamment les éléments suivants:

Informer tous les cotitulaires : La banque doit prévenir chaque cotitulaire des opérations importantes, comme une fermeture du compte joint ou un retrait massif.
Vérifier la légalité des actions : Avant de fermer un compte ou d’autoriser une transaction suspecte, elle doit s’assurer que ces actes respectent le contrat et ne causent pas de préjudice à ses clients.
Suspension en cas de litige : En cas de conflit manifeste, la banque peut décider de suspendre temporairement les opérations pour éviter des abus.


B. Vos recours en cas de faute de la banque

1. Adresser une mise en demeure

Si la banque manque à ses devoirs, vous pouvez envoyer une mise en demeure pour exiger réparation. Ce courrier, envoyé par recommandé avec accusé de réception, doit :

Expliquer précisément les faits reprochés (fermeture abusive, retrait litigieux).
Citer les articles de loi applicables, comme l’article L. 312-1 du Code monétaire et financier.
Demander une réparation, qu’il s’agisse de la restitution des fonds ou d’une indemnisation.


2. Saisir l’ACPR

L’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR) peut intervenir en cas de faute grave de la banque. Pour saisir cet organisme , il vous est conseillé de préparer un dossier complet (relevés, correspondances, mise en demeure) et de l’adresser  à :

L’ACPR – Service Réclamations
61 rue Taitbout, 75436 Paris Cedex 09.

Il est néanmoins important de noter que L’ACPR ne résout pas les litiges individuels mais peut enquêter sur les pratiques de la banque et exiger des corrections.

En conclusion pour éviter d’être victime d’un conjoint indélicat qui ferme ou envisage de fermer ou de vider le compte joint, il convient d’agir rapidement afin de protéger vos finances et vos droits.

En effet, lorsque la gestion d’un compte joint devient un enjeu de conflit, il est fondamental de ne pas rester inactif. Qu’il s’agisse d’un conjoint qui croit pouvoir adopter un comportement abusif ou d’un manquement de la banque, des solutions juridiques existent pour protéger vos intérêts. Avec l’aide d’un avocat, vous pouvez rétablir vos droits et éviter un préjudice durable.

Chez LMB Avocats à Paris, nous vous accompagnons à chaque étape pour sécuriser votre situation et garantir une gestion équitable de vos intérêts. N'hésitez pas à nous contacter si vous avez des questions.


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